Cet été, je suis allée en vacances chez ma grand-mère. C’était juste après l’évènement. Je n’étais pas bien dans ma peau, je me sentais trahie. Comme si quelque chose n’allait pas. Comme si quelque chose paraissait différent d’avant. Mais qu’est ce que c’était, au juste ? Le chemin que j’avais tracé avec elle était t-il destiné à être brisé en un soir seulement ? Elle ne sera jamais là pour me le dire. Pia était la seule fille au monde à me comprendre. Louve solitaire, elle n’approchait personne à pars les garçons. Je devais être en quatrième quand je l’ai rencontré. Avec elle, je pouvais parler de tout. De l’amour, des problèmes financiers de ma mère, de mon père violent et alcoolique, du beau Greg et de tout. C’était une fille difficile qui ne parlait jamais d’elle, jamais de sa famille. Et maintenant, j’aimerai être là, avec elle. Sur le banc près des cerisiers, l’endroit ou on allait toujours. Notre endroit. J’aimerai recommencer à noter les garçons avec elle. Mais tout ça n’est plus possible. Pourquoi ? Réfléchi(e) donc un peu… Je parle d’elle au passé . Je voudrai qu’elle revienne. C’est évident.
Pia est morte.
Je n’ai jamais raconté cette histoire à personne. Mais il fallait que je me confie. Un jour, ma grand-mère avait dit sans vraiment faire attention à quoi elle pensait : Pour oublier il faut se souvenir.
Alors pour ne pas me laisser aller à la tristesse ou à la colère, je me souviens.
Je n’ai pas un physique avantageux. Je suis une de ces filles qu’on traite de « géante » ou « d’échalote » parce qu’elle mesure un mètre quatre-vingt. Donc dans mon cas. Il faut dire que je suis géante, pour mon âge. Et fine, en plus. Je suis peut être comme qui dirait « normale », mais je me trouve tout les défauts du monde. Je trouve mes cheveux trop gras, mes oreilles trop décollées, mo nez trop pointu… Un jour, j’ai vu la photo d’une fille étrange, au regard rond. J’ai mis quelques minutes à le rendre compte qu’il s’agissait de mon regard. En bref, les moqueries allaient de bon train vers moi. En quatrième, on faisait équipe avec une autre classe pour le basket. Evidemment, vue ma taille, j’étais celle qui devait marquer des paniers. Mais moi et le sport, sa n’a jamais été une grand histoire. En bref, dans les vestiaires, Julie à commencé à se foutre de ma gueule. Julie est le genre de nana exaspérante que tu ne peux pas blairer parce que t’es moche. Mais quand tu la vois, tu peux pas t’empêcher de la trouver canon. Car oui, Julie est belle. Fine, de petite taille et la poitrine développée, elle attire les garçons comme des aimants. En bref, elle s’était plantée devant moi en disant d’un air dédaigneux :
-Alors, belle vue de la haut ? Ca va, ta tête ne touche pas le plafond ?
Pia comme moi était grande. Elle subissait les même moqueries. C’est alors qu’avec un sourire moqueur, elle avait répondu :
-Et bien la naine, serais-tu jalouse ? As-tu par hasard déjà contemplé autre chose que le nombril d’un garçon ?
-C’est bien vrai, avais-je répondu. Je pense qu’elle sors avec les gars les plus moches car elle ne voit pas leur visage. Il faudrait qu’elle se fasse étirer par une machine, sa serait plus pratique.
Voila comment nous somme devenue amie. Oh, Pia… Comment as-tu pu me laisser avec cette bande de crétin, sans amie fiable ? Sans alliée ? Si tu revenais, je te flanquerai la plus belle gifle de ma vie. Merde, merde, merde… Pourquoi m’as-tu abandonné ?